Labor Day

From Nola with love.
Vendredi soir.
Mes premières vacances à l’américaine. 3 jours.
Je suis sur mon lit.
Mon casque sur les oreilles, j’écoute ma playlist Soundcloud. Le son est parfait. Il couvre le bruit du climatiseur. Il a fait très chaud aujourd’hui. Après un gros orage hier soir, à la sortie de l’école, en montant dans mon camion qui avait passé la journée au soleil, j’ai eu l’impression d’être dans un four vapeur. Il fait chaud mais j’aime ça.
Je pars pour la côte entre Bay St. Louis et Biloxi dans le Mississippi. Un petit Airbnb entre les deux. The little blue cottage.
Des plages de sable blanc et pas grand-chose d’autre.
Décidément, le son est très bon. Et cette vieille playlist me ramène un peu en arrière.
Les semaines commencent à s’égrainer doucement. Je suis chez moi. Je fais du yoga. Je bois des apéros souvent. Je mange au restaurant plus souvent que de raison. Je ne sors plus sans ma bombe d’anti-moustique. Mercredi dernier au Bulldog, j’ai fait la maligne et j’ai 13 piqures. Ça gratte. Mais je ne gratte pas.
Mon casque sur les oreilles, je pense à vous toutes, vous tous.
Ça gratte toujours. Je ne gratte pas.
J’ai eu une allumette sur un hamburger en guise de gâteau d’anniversaire. On fait avec ce qu’on a. Avec ceux qu’on a.
Le soir, je fais du vélo. J’aime toujours autant rentrer la nuit à vélo. La ville est belle, le jour, la nuit. C’est un plaisir de rouler tranquillement dans ses rues. Regarder ses maisons de bois. Ses patios, ses rockingchairs devant ses portes. Ses lampes au gaz allumées nuit et jour. Sa végétation luxuriante.
La vie est douce. Je rentre le soir, tard. Mes voisins sont là, sur le trottoir, à jouer aux cartes, aux dominos, à écouter de la musique. Je leur dis bonjour mais ils ne répondent pas. Je persiste. Ils ne répondent pas.
Et puis il y a deux jours, victoire. En rentrant de l’école, une des grand-mères a envoyé son petit-fils me dire qu’il avait récupéré un colis en mon absence et qu’il l’avait mis dans mon jardin devant la porte de la cuisine. Cela ne vous parait rien, mais mes voisins sont noirs. Et je suis blanche. Première victoire. Pas toujours évident. Mais j’aime mon quartier. J’aime ma rue sous les arbres.
Mister Evone qui s’occupe de nettoyer mon bâtiment est noir lui aussi. Il me parle un peu français. Mister Evone s’appelle en fait Evone Papillon. Poétique non ?
La semaine dernière, en rentrant, une femme traversait la rue, magnifique femme, je rêvassais, et l’espace d’un instant j’ai cru être à Dakar. Mais non. Elle ne sait peut-être même pas que loin là-bas, il y a Dakar.
Mais dimanche, je serai sur la route, longeant les plages blanches du Mississippi.
Je pense à vous.
Pas de nostalgie. C’est ma vie. J’ai choisi. So far so good.
Je suis loin, mais je pense à vous.
C’est comme si vous étiez là. Vous êtes là.
Comments